Jean-Pierre Héritier
COMME DES OISEAUX, OU PRESQUE
Depuis la nuit des temps, les hommes ont regardé voler les oiseaux et les ont enviés. Hélas, il manquait un élément à leur morphologie pour les imiter : les ailes. Le génie créatif leur a permis d'y remédier en utilisant divers matériaux pour essayer d'en construire. Une longue évolution technologique, associée à une compréhension toujours meilleure des phénomènes aérodynamiques et aérologiques, ont donné naissance à l'aviation . La partie de cette merveilleuse invention qui se rapproche le plus du vol des oiseaux est le vol à voile.
PLANER
Comment un planeur peut-il voler sans moteur ? Pour obtenir une portance aérodynamique, il faut qu'un aéronef ait une voilure qui se déplace dans l'air. Pour un hélicoptère, c'est son rotor, pour un avion ou un planeur, ce sont ses ailes. Comme ces dernières sont en général solidement fixées au reste de l'appareil, il faut que le tout se déplace dans une direction permettant à l'air de lui fournir la portance nécessaire au vol. Le fait d'utiliser un fluide pour se sustenter coûte de l'énergie, et un avion tire celle-ci de son carburant par l'intermédiaire d'un moteur. Comme un cycliste paresseux ou dont le pédalier serait hors d'usage, le pilote de planeur doit descendre s'il veut avancer, c'est ce qu'on appelle planer. S'il veut aller plus vite, il doit descendre plus; s'il veut ralentir, il descendra moins; s'il va trop lentement, il risque de tomber, ce qui n'est évidemment pas le but de l'exercice... Qu'on se rassure, les planeurs ne tombent pas tous seuls, et ils "préviennent" en général le pilote quand la vitesse est trop près de la limite, vers environ 70 à 75 Km/h. La vitesse maximum qu'un planeur moderne peut atteindre sans risquer de dégâts à sa structure est de l'ordre de 250 à 280 Km/h. Le meilleur angle de plané d'un planeur moyen est d'environ 1:40, c'est-à-dire qu'il peut avancer de 40 kilomètres en perdant seulement 1000 mètres d'altitude. Bien entendu, s'il vole contre le vent, cette distance va diminuer, car sa vitesse par rapport au sol sera amputée de celle du vent. Les meilleurs planeurs actuels ont une finesse maximum de plus de 1:60
LE VOL A VOILE
Une fois que le pilote débutant a assimilé les manoeuvres de base qui lui permettent de se faire tirer en l'air par un avion ou un treuil et de revenir se poser correctement, il désire rester plus longtemps en l'air, pour prolonger le plaisir. Il veut aller voir ailleurs si le paysage y est aussi beau qu'au voisinage de l'aérodrome. Une solution plutôt onéreuse serait de se faire remorquer très haut, et ainsi de planer plus longtemps. Fort heureusement, la nature nous donne gratuitement l'énergie solaire et celle des vents passant par-dessus les montagnes.
Le pilote utilise les courants qui montent plus vite que son planeur ne doit descendre pour tenir en l'air, et parvient ainsi à monter dans l'atmosphère sans l'aide d'un quelconque propulseur. Lorsqu'il a atteint l'altitude qu'il désire, il peut planer jusqu'à la prochaine ascendance, ou tout au moins vers l'endroit où il pense en trouver une. S'il échoue dans ses recherches, il ne lui restera qu'à voler vers un endroit propice à l'atterrissage. S'il réussit, il pourra se déplacer, parfois sur des centaines de kilomètres, et c'est cela qu'on appelle le vol à voile.
Les thermiques sont des colonnes d'air qui, chauffé au contact d'un sol ensoleillé, est plus léger que son environnement et se met à monter, telle une montgolfière. Le jeu consiste alors à essayer de rester dans cette colonne ascendante en spiralant, afin de profiter de "l'ascenseur".
Le vent qui doit passer par-dessus une montagne est bien obligé de s'élever, et le pilote de planeur peut aussi en profiter en longeant la pente où il monte, ce qui lui permet aussi de gagner de l'altitude, et ainsi de se déplacer vers des horizons nouveaux. Avec quelques litres d'essence pour le remorquage, un planeur peur voler jusqu'à neuf ou dix heures si les conditions d'ensoleillement sont bonnes, et se déplacer sur des centaines de kilomètres grâce aux énergies fournies gratuitement par dame nature.
LES CONCOURS
Un pilote qui pense voler convenablement peut avoir envie de se mesurer aux autres en cherchant à accomplir des performances en vol à voile sur des distances allant jusqu'à mille kilomètres et plus. Il voudra peut-être aussi participer à des compétitions. Il s'agit alors de courses contre la montre sur un circuit déterminé par l'organisateur du concours en accord avec les conditions aérologiques du moment dans la zone concernée. Si la météo s'annonce favorable et les ascendances fortes, le circuit sera grand, et les concurrents voleront très vite entre les ascendances. Dans le cas contraire, ils avanceront prudemment pour essayer de boucler l'épreuve.
L'occasion de se mesurer à d'autres pilotes, de lier des connaissances avec les membres d'autres clubs et d'échanger avec eux des expériences de vol, est un excellent moyen d'apprendre à voler encore mieux et de développer son sens tactique.
Le déroulement d'une compétition est relativement simple. On remorque tous les concurrents dans une zone et à une altitude précise. Quand le dernier planeur a largué la corde qui le reliait à son remorqueur, on attend un quart d'heure, et on ouvre la "porte de départ". Chaque pilote peut alors décider quand il veut partir pour son circuit, et prend une photo du point de départ avec un appareil qui indique l'heure sur le film. Il va ensuite tourner derrière chaque point de virage que l'organisateur a prescrit et en prendra une photo au passage. Lorsqu'il arrive à la fin de son circuit, son heure d'arrivée est notée, il rend son film, et on peut ainsi déterminer le temps qu'il a mis pour son épreuve.
Il arrive parfois que la météo ne soit pas aussi bonne que prévu, et le circuit sera interrompu par un atterrissage prématuré des concurrents. Le classement est alors effectué sur la distance parcourue.
Si un pilote ne peut rejoindre un aérodrome pour s'y poser il choisira un champ assez plat et bien dégagé d'au mois deux cents mètres de long et y atterrira généralement sans casse. C'est ce qu'on appelle "aller aux vaches". Il cherchera ensuite un téléphone (merci Monsieur NATEL...) pour appeler un camarade qui viendra le chercher avec une remorque et l'aidera à démonter le planeur pour le transport. Les planeurs modernes pèsent à vide environ 250 kilos, dont environ 60 par aile, ce qui permet à deux personnes de mettre le tout dans la remorque en un quart d'heure.
Les compétitions de vol à voile se déroulent sur plusieurs jours et peuvent durer jusqu'à deux semaines. Après un maximum de six épreuves consécutives, une journée de repos est obligatoire, car les pilotes accumulent beaucoup de fatigue et de tension nerveuse durant les vols. L'analyse des conditions météorologiques, le pilotage, la navigation et l'observation de l'espace aérien pour éviter les collisions demandent en effet une concentration de tous les instants. Si l'on ajoute la volonté de gagner, la surveillance des concurrents à battre et l'appréhension de prendre la mauvaise décision qui coûtera du temps, on peut imaginer que les nerfs des pilotes ont de temps en temps besoin de répit.
Qu'ils soient jeunes ou vieux, novice ou experts, qu'ils volent avec leur propre planeur ou utilisent ceux d'un club, les vélivoles sont une grande famille où règnent la camaraderie et l'entraide mutuelle. Un pilote désirant voler a toujours besoin de ses confrères pour amener le planeur en piste, le remorquer ou rentrer sa machine dans le hangar ou la remorque, à moins qu'il ne dispose d'un dispositif d'envol incorporé. Les jeunes trouvent dans un club de vol à voile une ambiance propre à développer leur sens de la camaraderie et leur débrouillardise, ainsi que le respect des autres, ce qui est à mon avis fort bien venu par les temps qui courent. Le vol à voile, c'est génial !
Jean-Pierre Héritier
Vélivolocoordinagitation
par Jean-Pierre Héritier, le 15 avril 1995
Cher ami(e),*
cette fois, ça commence à se préciser sérieusement, et les beaux jours de vol à voile arrivent à grands pas. Le week-end de Pâques était relativement calme sur le terrain, surtout le dimanche, avec ses traditionnels repas de famille, qui était fumant... Seuls quelques fanas ont pu profiter des pompes à 3 mètres et des plafonds à 2500m. Lundi, les pilotes avaient digéré et se sont activés pour faire leurs atterrissages de précision et pour commencer à se promener un peu. Bien entendu, la journée était bien moins bonne que la veille, mais tout de même volable. Pour preuve, notre ami Petchon a été tourner à Balsthal avec André Badertscher, et en est revenu sans remettre le moteur.
J'ai néanmoins remarqué que les gens avaient un peu de peine à se mettre en marche au début du service de vol. Si on est encore en train de discuter devant le club-house à 13 heures 30, on a déjà perdu au moins une demie heure de thermiques. Le premier planeur devrait décoller dès que c'est permis, et tout le monde profiterait mieux de l'après-midi, principalement ceux qui se partagent un planeur.
Je te rappelle que les week-ends des 27-28 avril et 4-5 mai devraient nous donner des conditions exceptionnelles, comme (presque) chaque année. Il s'agit donc d'être entraîné(e) et équipé(e). A cet effet, je me permets de te proposer une petite check-list :
- HABILLEMENT adapté aux conditions météo. Personnellement, je garde les mêmes habits qu'au sol, l'effet de serre du cockpit compense la différence de température due à l'altitude, sauf si l'on doit voler longtemps sous des rues compactes de cumulus. Couvre-chef et lunettes solaires sont de rigueur même si Phoebus a l'air timide.
- CHAUSSURES chaudes, car certains de nos planeurs ont un méchant courant d'air au niveau du palonnier. Le froid aux pieds a en outre des répercussions fâcheuses sur la capacité de rétention des liquides...
- CARTES adaptées à tes ambitions, avec des cercles de 10 Km et les altitudes et fréquences des aérodromes susceptibles d'être visités. J'ai vu ce week-end des cartes qui n'étaient pas préparées, c'est le moment de sortir le compas et les stylos feutres ! Un petit document format A6 avec toutes indications utiles, dont les voltes, se trouve en principe dans les planeurs club. Pour ceux (ou celles) qui ont de la peine à calculer un cône de finesse 20, i peut être utile de reporter sur la carte des altitudes de sécurité à respecter en différents endroits pour être sûr(e) de rejoindre un aérodrome sans se faire des cheveux blancs. Ne pas oublier qu'un planeur ne traverse pas les montagnes en reportant ces altitudes.
- PAPIERS personnels et du planeur, ainsi que le laissez-passer pour vols de distance en cas de vol sur l'étranger (la France est vraiment tout près), c'est plus qu'utile en cas de vache. Un peu de monnaie et des cartes pour téléphoner sont aussi très recommandées.
- BOISSON pour compenser la déshydratation due à la chaleur. Il faut boire suffisamment, même si on ne pense pas avoir soif, c'est très important. Je me méfie des gourdes bon marché, qui ont maintes fois rendu le fond de mon planeur collant et très alléchant pour les fourmis. Je trouve très pratiques les sachets d'Isostar avec un petit goulot et un bouchon vissé.
- DISPOSITIF pour éliminer les boissons citées ci-dessus, je ne m'étendrai pas sur le sujet, voir les articles de Picoche dans les anciens Cynorhodons.
- NOURRITURE parfois utile lors de longs vols. Personnellement, je m'arrange pour manger quelque chose de consistant, mais pas trop lourd, avant de décoller, et j'arrive à tenir quelques heures en m'alimentant avec une boisson reconstituante. Eviter les machins collants ou fondants, on gagne ainsi du temps lors du nettoyage du planeur.
- APPAREILS de photos, barographes, GPS, et autres systèmes de documentations de performances. Je signale à cet effet qu'il vaut mieux annoncer et documenter les vols même si on n'est pas sûr que ça va marcher que se retrouver à 7'000 mètres avec un baro éteint ou de tourner son premier trois cents sans appareil de photo...
ATTENTION !!!
Certains objets de cette liste, que tu vas utiliser en plus des instruments de vol, vont accaparer ton attention, n'oublie jamais pour autant de REGARDER DEHORS pour éviter les collisions.
Bons vols !
Jean-Pierre
* Des jeunes personnes de sexe féminin m'ont reproché de parler au masculin, mais c'était sans volonté d'exclusion de ma part. C'était un masculin générique. Néanmoins, je vais essayer de rajouter des (e) aux endroits idoines pour ne pas faire passer les vélivoles pour encore plus machos qu'ils ne le sont déjà.
Vélivolocoordinagitation
par Jean-Pierre Héritier, le 4 mars 1996
Cher ami,
voilà, c'est parti, la chasse aux kilomètres est lancée ! Le week-end du 1er mars était fumant, avec des thermiques jusqu'à 3m/s et des plafonds de 2200m, malgré un froid de canard. Le gagnant de la bouteille est Pascal Stalder, avec un vol de 2 heures 44. Les kilos de lard qu'il a pris cet hiver l'ont bien protégé, il faisait -12 à 2000m ! Peter, quant à lui, a étrenné son LS-7 samedi, et s'est offert un aller-retour à Balsthal dimanche. Notons au passage que les pompes étaient déjà là à 10h30 du matin.
C'est donc le moment de t'activer et de te dépêcher de faire tes trois atterrissages de précision le plus vite possible. Les cumulus ne préviennent pas toujours de leur arrivée, et il faut être prêt !!! Je te signale en particulier que le meilleur week-end de l'année arrive fin avril - début mai, avec des conditions extraordinaires. Dommage de ne pas en profiter !
Je rappelle aux nouveaux licenciés que les prochains buts devraient être les 5 heures et les 50 Km. N'oublie pas que les premières sorties du cône sont soumises à l'approbation d'un moniteur qui vérifiera dans ton carnet de vol si tu possèdes les conditions requises.
Les récentes modifications du règlement du Concours National de Vol à Voile ne sont pas bien méchantes, mais il semblerait que la FAI devient méfiante, et qu'elle commence à devenir pinailleuse sur les détails. Pour de plus amples renseignements, s'adresser à J-P. Amann ou à P-Y. Erismann, qui ont suivi un cours de mise à niveau des commissaires.
Edouard Berthet nous signale que le traditionnel week-end de départ au treuil à Gruyères aura lieu les 5 et 6 octobre. A ne pas rater !
Pour ceux qui hésitent encore à sortir du sacro-saint cône de Colombier, voici quelques considérations de l'agitateur que je suis. Je précise que ces opinions n'engagent que moi :
- La prise d'un thermique quand il y a du vent peut paraître un peu problématique à certains. En effet, le cumulus ne se trouve plus au-dessus du point de déclenchement de la pompe. Il faut donc essayer de trouver d'où elle part, de tirer une ligne imaginaire entre son départ au sol et son arrivée sous le cumulus, et chercher dans cette région. Voici un truc en prime: quand je me promène avec le vent de côté par rapport à ma trajectoire, j'engage toujours ma spirale contre le vent. En effet, si je ne suis pas "centré" et sors au vent du thermique, ça ne monte plus, mais si je sors sous le vent du thermique, ça secoue et ça descend beaucoup plus.
- Le vol de distance n'est que le passage d'un cône à un autre. Au lieu de chercher les thermiques tout autour de soi, on les cherche dans un secteur qui se dirige vers l'endroit où l'on veut aller. Si on n'a pas de but précis, on se dirige où ça paraît bon. Quand on s'approche des limites du cône de Colombier, on s'arrange pour monter, et on se trouve alors dans le cône d'un aérodrome voisin. On peut alors évoluer en toute sécurité dans le local de cette belle piste ne posant aucun problème et, ainsi, s'éloigner un peu de la maison.
- Quand on a quitté le cône d'un aérodrome, cette piste n'existe plus. La seule piste où l'on a le droit de se poser est celle du nouveau cône dans lequel on vole. Chercher à rejoindre la maison à tout prix ne peut que mener à des situations stressantes et dangereuses. Il suffit de se dire qu'on a changé de club, et que cette belle piste qu'on voit à proximité est la nôtre. Quand on se sera rapproché du bord du cône, on procédera comme au paragraphe précédent, que ce soit pour aller plus loin ou pour rentrer à Colombier.
- Un atterrissage sur un aérodrome extérieur n'est pas un échec, mais une expérience enrichissante et souvent sympathique. Il est certain que le vol à voile est un sport dans lequel l'expérience est la clé de tous les succès. Ce n'est pas en restant vissé au-dessus de la Tourne qu'on apprend à circuiter. Un peu d'entraînement pour maîtriser le planeur sans y mettre cent pour cent de ses ressources, une analyse attentive des conditions météo et des ambitions raisonnables te permettront de faire de magnifiques promenades dans la région. Tu prendras ainsi confiance en tes moyens et pourras participer au petit concours que j'organise.
Jean-Pierre
Vélivolocoordinagitation
par Jean-Pierre Héritier, le 15 décembre 1996
Cher ami(e),
Voici arrivée la fin d'une année fort peu gratifiante en ce qui concerne les perfos et les super-vols que nous attendions tous dès le printemps. CA NE PEUT PAS DURER !!! Il ne nous reste qu'à espérer très fort que la saison prochaine nous apportera une juste compensation et qu'elle sera fumante. Il est donc temps de bichonner nos beaux planeurs, de les équiper des derniers raffinements techniques et de préparer nos prochains vols avec ambition et détermination. Quand reviendront les beaux jours, nous saurons en profiter et effacer les souvenirs grisâtres et humides de 1996.
Une méthode efficace pour préparer un vol de distance est de déployer une carte de la région que l'on compte parcourir, et d'y marquer les endroits où il y aura vraisemblablement un thermique ou une pente donnant bien, ou encore un ressaut d'onde connu. On tiendra compte pour cela des différentes conditions météo telles que le vent, plafond vraisemblable, heure, et on pourra ainsi relier les ascendances successives que l'on utilisera, et ainsi on aura un beau circuit sur la carte. Ne pas oublier d'intégrer les temps de transitions et de montées, et de calculer les altitudes d'arrivées dans les pompes. Il serait en effet malheureux de chercher un thermique en face nord-ouest à 11 heures, le soleil ne l'éclairant pas encore, ou de se taper une transition de 40 bornes par plafond médiocre pour essayer une pompe qui part sur le parking de la Vue-des-Alpes !!! Peut-être que par le tunnel...
J'essayerai dans un prochain courrier de développer un peu cette façon de procéder, et j'attends tes questions par téléphone, lettre ou pigeon-voyageur, afin de répondre au mieux à la demande. En attendant, je te souhaite d'agréables fêtes et une année 1997 pleine de succès et de bonheur.
Jean-Pierre
Vélivolocoordinagitation
par Jean-Pierre Héritier, le 21 mai 1997
Cher ami(e),
Voilà une saison bien engagée, avec des météos assez variées pour nous faire remuer les méninges. Actuellement, nous subissons le passage vers l'été, avec ses perturbations dûes à l'arrivée de masses d'air chaud. Cela ne devrait pas durer trop longtemps, et nous aurons à nouveau de beaux cumulus bien alignés sur notre cher Jura.
Je rappelle aux nouveaux licenciés que les prochains buts devraient être les 5 heures et les 50 Km. N'oublie pas que les premières sorties du cône sont soumises à l'approbation d'un moniteur qui vérifiera dans ton carnet de vol si tu possèdes les conditions requises.
ATTENTION !!!
Le week-end du 31 mai - 1er juin, nous aurons la possibilité de changer un peu d'air et de faire connaissance avec d'autres pilotes romands. Il est en effet prévu d'aller voler à Montricher. Le samedi soir, une joyeuse agape est prévue, et il est possible de dormir sur place. Les intéressés sont priés de s'annoncer sur mon répondeur 022 311 66 59 en précisant s'ils veulent voler, manger, dormir, etc... DERNIER DELAI LUNDI 26 MAI A 18 HEURES. Eh oui, pour une fois, il va falloir réagir vite. Ne manque pas cette occasion de voir le Jura par un autre bout, mais sans trop s'éloigner de la maison.
Pour ceux qui hésitent encore à sortir du sacro-saint cône de Colombier, voici quelques considérations de l'agitateur que je suis. Je précise que ces opinions n'engagent que moi :
- La prise d'un thermique quand il y a du vent peut paraître un peu problématique à certains. En effet, le cumulus ne se trouve plus au-dessus du point de déclenchement de la pompe. Il faut donc essayer de trouver d'où elle part, de tirer une ligne imaginaire entre son départ au sol et son arrivée sous le cumulus, et chercher dans cette région. Voici un truc en prime: quand je me promène avec le vent de côté par rapport à ma trajectoire, j'engage toujours ma spirale contre le vent. En effet, si je ne suis pas "centré" et sors au vent du thermique, ça ne monte plus, mais si je sors sous le vent du thermique, ça secoue et ça descend beaucoup plus.
- Le vol de distance n'est que le passage d'un cône à un autre. Au lieu de chercher les thermiques tout autour de soi, on les cherche dans un secteur qui se dirige vers l'endroit où l'on veut aller. Si on n'a pas de but précis, on se dirige où ça paraît bon. Quand on s'approche des limites du cône de Colombier, on s'arrange pour monter, et on se trouve alors dans le cône d'un aérodrome voisin. On peut alors évoluer en toute sécurité dans le local de cette belle piste ne posant aucun problème et, ainsi, s'éloigner un peu de la maison.
- Quand on a quitté le cône d'un aérodrome, cette piste n'existe plus. La seule piste où l'on a le droit de se poser est celle du nouveau cône dans lequel on vole. Chercher à rejoindre la maison à tout prix ne peut que mener à des situations stressantes et dangereuses. Il suffit de se dire qu'on a changé de club, et que cette belle piste qu'on voit à proximité est la nôtre. Quand on se sera rapproché du bord du cône, on procédera comme au paragraphe précédent, que ce soit pour aller plus loin ou pour rentrer à Colombier.
- Un atterrissage sur un aérodrome extérieur n'est pas un échec, mais une expérience enrichissante et souvent sympathique. Il est certain que le vol à voile est un sport dans lequel l'expérience est la clé de tous les succès. Ce n'est pas en restant vissé au-dessus de la Tourne qu'on apprend à circuiter. Un peu d'entraînement pour maîtriser le planeur sans y mettre cent pour cent de ses ressources, une analyse attentive des conditions météo et des ambitions raisonnables te permettront de faire de magnifiques promenades dans la région. Tu prendras ainsi confiance en tes moyens et pourras participer au petit concours que j'organise.
Jean-Pierre
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