Tour du Leman en planeur

Par Aurélien Berner

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Tour du Lac

Cela faisait une ou deux saisons que l’idée me trottait dans la tête : voler autour du lac, et je ne parle pas du lac de Joux, mais bien évidemment du Léman. À écouter les pilotes au terrain, le tour du lac c’est difficile, parce qu’il y a plein de facteurs qui entrent en jeu : il faut une bonne météo, aussi bien dans le Jura que dans les Alpes, il ne faut pas d’inversion à Chambéry, il faut des bons plafonds, etc.

Ayant lu une fois le récit de Roland BURGERMEISTER paru dans la Feuille-Volante intitulé « Du Jura au Alpes », expliquant le chemin à emprunter pour descendre par l’ouest de la TMA de Genève pour se retrouver dans les Alpes, je me suis dit que je si d’autres l’ont fait je dois pouvoir y arriver aussi…

Vendredi 7 juin 2019, je « zyeute » TopTherm qui annonce une bonne météo sur le Jura ainsi que sur les Alpes, mais plutôt dans le bleu. Je reprends l’article de Roland, la carte OACI, la carte Vol à Voile et TMA de Genève pour préparer mon itinéraire. Pour tous ceux qui souhaitent réaliser ce tour du Leman, je leur conseille de bien préparer le vol, d’être au clair avec les différentes altitudes des TMA, afin de ne pas se retrouver aux mauvais endroits, surtout que les marges et les plafonds sont bas. De plus, une bonne préparation permet de se concentrer sur le pilotage plutôt que sur les cartes.

Samedi 8 juin 2019 je monte au terrain préparer le LS8 HB-3288 JG avec 60 litres d’eau dans les ballasts d’ailes. Je me mets en piste et m’aperçois que la roue est un peu dégonflée ; Je regonfle la roue avec l’aide de Patrick MÉGARD m’assois dans le planeur, la corde se tend. Le remorqueur plein gaz je ne bouge pas. Roue crevée! Çà commence bien. Avec l’aide de quelques personnes, je mets le planeur sur le côté afin de changer le pneu.

Le couteau entre les dents je décolle enfin avec 1h30 de retard,  sans eau, n’ayant pas eu le temps de reballaster. Remorquage Mont-Tendre 2000m afin de récupérer un peu de temps, j’enroule le premier thermique jusqu’à 2300m, et je files au sud. La descente se passe presque sans tourner jusqu’au nord de Bellegarde.

Là, deux options s’offrent à moi, toujours selon l’article de Roland. Contourner la TMA de Genève pour rester à 2000m ou alors couper direction Seyssel en descendant à 1700m (itinéraire bis). Ni une ni deux, sans marquage clair dans le ciel, je pousse le manche direction l’itinéraire bis. Je chemine en direction du Colombier où j’arrive à 1300m. En sortie de zone j’enroule un thermique qui me propulse à 2100m. Là un ouf de soulagement : je suis sorti de cette fameuse zone des 1700m mais le chemin est encore long.

Prochaine étape : la Dent du Chat où un peu de vol de de pente me permet de repasser au-dessus de la crête et de cheminer direction la Chartreuse. Au vent et au soleil, je chemine le long de la pente pour trouver un thermique. Je bataille quelque peu dans les ravines au nord-ouest du Granier et j’arrive à monter juste assez pour me jeter sur la Chartreuse. Je fais un point au sud de celle-ci et décide de prendre cap la maison ne sachant pas trop à quoi m’attendre.

Les Bauges et les Aravis fonctionnent bien dans du thermique bleu. On se pose moins de question dans ces cas-là. J’avance à la crête et dès que ça monte je tourne. Une formule qui fonctionne bien jusqu’à la Tête du Colonney. Je galère alors pour trouver un thermique, et j’hésite sur le chemin à emprunter. Pour éviter le trou de Bex qui m’a réussi que moyennement les dernières fois que j’y suis passé, je décide de rentrer par les portes du Samoëns. Je contourne Six Fer à Cheval par l’est et je me lance dans l’inconnu la plus total. J’ai vaguement l’idée de rentrer par le col de Cou. Mais le cheminement n’est pas terrible, et rapidement je suis obligé de viser la vache de Taninges. Avec toute la finesse du LS8, j’arrive juste assez haut pour passer le Col de Cou, et avec soulagement je me retrouve dans un 3m/s qui, sans doute, m’attendait là pour me permettre de terminer ce vol en beauté.

Un crochet par les Préalpes ne s’avère pas concluant, et je prends le cap de la maison (LSTR) non sans un peu d’émotion en m’annonçant en base 21 sans voir le terrain.

Un joli vol qui n’est pas très difficile en soi mais qui demande une bonne préparation de la navigation et une bonne dose de zénitude quand on ne se retrouve pas très haut sous la TMA de Genève avec quelques avions de lignes qui nous passent juste au-dessus de la tête.

On peut réaliser ce vol en étant en permanence en vue d’un aérodrome ou d’un terrain « posable » (mais pas forcément redécollable) et en ayant un peu de volonté et de courage pour quitter notre Jura chéri.

Aurélien

le parcours