JOURNÉE PARC À MONTRICHER
Une fin de saison bien arrosée…
par Gilbert Benzonana
Malgré une météo détestable et pour une fois correctement annoncée, ils étaient nombreux les courageux (et gourmets) à accourir à Montricher comme on peut en juger par le nombre faramineux de véhicules parqués en bordure de la piste devenue un vrai bourbier abondamment orné de taupinières…
Les myopes et discrets laboureurs de l’ombre (taupes ou mulots) avaient en effet lâchement profité des abondantes précipitations des week end de ces dernières semaines et de notre absence concomitante pour marquer ainsi le territoire que nous étions forcés de leur abandonner.
C’était bien la première fois depuis plus de 10 ans que Jupiter (ou Teotihuacan si vous êtes amateur d’exotisme) nous « lançaient ainsi des vannes » propres à écoeurer des « rampants ». Mais les habitués de la piste de Montricher même s’ils n’hésitent pas à manier clés et pinces en tous genres n’en sont pas moins d’abord des amateurs de grands espaces capables pour l’amour de leur art de rester confinés, quelques heures dans une obscurité quasi crépusculaire, sous la protection tutélaire de leurs hangars pour bichonner leurs machines et en l’occurrence leur offrir un repos mérité de quelques mois dans la quiétude de leurs remorques respectives…
Signalons que cette quiétude, avec ou sans planeur est aussi apprécié par la gent rongeur et cette année encore une minuscule souris a jailli d’une de ces remorques, dérangée dans son repos matutinal. La rapidité de sa fuite dans l’un des rails des portes, n’a pas permis au narrateur dont les genoux bioniques sont quelque peu rouillés de lui tirer son portrait « muridométrique ». Elle précédait sans doute les habituels loirs pas encore installés vu la température relativement clémente, mais que nous retrouverons probablement lors d’un prochain nettoyage ou remontage des machines.
Les violentes averses avaient développé dans les équipes mécano-vélivoles spontanément constituées de remarquables capacités inventives pour démonter les planeurs et les insérer dans leurs remorques à l’abri relatif des hangars sans pour autant se faire trop doucher. Les photos montrent différents protagonistes à l’œuvre dont les sourires traduisent le moral élevé. On appréciera par ailleurs la moustache toujours abondamment fournie, signe d’une insolente santé, d’un de nos anciens chef du matériel dont les images ne rendent pas compte hélas des capacités vocales toujours aussi remarquables chaque fois que l’occasion s’en présentait.
Sans doute cette réunion habituelle de fin de saison est-elle en principe dédiée à la mise en repos de machines et des corps de la gent vélivole, mais elle est aussi une bonne, voire la meilleure, occasion de redécouvrir les capacités inventives de notre chef cuisinier. L’arrosage céleste n’avait en rien freiné son enthousiasme habituel et on peut voir que sa présence se signalait de fort loin par des fumées a priori inquiétantes (le club-house était-il en feu ?) mais dont le fumet devenait rassurant lorsqu’on s’en approchait.
Patrick, tel un Vulcain paisible oeuvrait devant ses fourneaux, en l’occurrence une superbe rôtissoire (la photo correspondante montre le narrateur en admiration béate devant ce véritable « haut fourneau »), où se doraient, à leur corps défendant, les restes mutilés de quelques suidés, malheureux gorets sacrifiés à la gloire du vol à voile et dévolus à la voracité des participants. Peut-être inspiré par les derniers films de la firme Pixar et ne voulant pas s’en tenir à sa seule rôtissoire, Patrick au milieu de vapeurs inquiétantes crachées par un énorme chaudron remuait un liquide glauque et glougloutant à l’aide d’une longue perche. Allait-il en faire sortir quelque génie bienfaisant ? Mais non Patrick n’étant pas Aladin, le liquide glauque n’était pas une potion magique mais les seuls reflets de paisibles haricots verts dansant dans leur bouillon !
L’opération de mise au sec des planeurs s’achevant, les muscles masticatoires des participants aux gros bras se devaient de rentrer en action à leur tour. Par suite des intempéries on ne peut voir sur les photos la totalité des participants dégustant leur apéritif au grand air comme c’était la coutume ces dernières années, mais une partie seulement des Genevois prêts à se précipiter à l’abri, tandis que les cousins vaudois se réfugiaient déjà frileusement sous leur propre auvent pour y commencer eux aussi la dégustation des différents nectars qui étaient proposés ….
On connait la suite de l’action dont le déroulement se traduisit entre autre par le sacrifice d’un nombre incalculable de bouteilles aux couleurs vermillon ou doré. On pardonnera au photographe handicapé par sa position quelque peu excentrique et sa petite taille de n’avoir pu vous montrer presque que des bouteilles…. d’eau, pâles reflets d’une dégustation joyeusement poursuivie et parfaitement réussie comme en témoignent ici aussi les figures béates et gaiement colorées de certains participants…
Et vivement l’an prochain pour la reprise !
En prime quelques photos typiquement automnales de la forêt de Ballens.
NB : Si l’un d’entre vous connait le contractuel qui a déposé des contraventions d’un nouveau type sur le pare brise d’un véhicule figurant sur une des photos, qu’il veuille bien me le signaler, je serais heureux de me mettre en infraction à ce tarif !
Montricher 10 novembre 2012
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